Yellowstone National Park
Mardi, Vince (le wwoofer retraité) et moi sommes descendus au Yellowstone National Park, dont l'entrée Nord se trouve au sud de Livingston (euh, je me fais comprendre non?), sur la frontière entre le Montana et le Wyoming. Difficile de vous décrire le Yellowstone, qui est manifestement l'endroit le plus incroyable qu'il m'ait été donné de visiter. Les paysages, les couleurs, la faune, et les émotions ressenties en le traversant en font un de mes plus beaux souvenirs jusqu'à présent.
Départ de la ferme à l'aube afin d'arriver tôt et d'avoir une chance d'apercevoir le plus d'animaux possible. Certaines personnes m'avaient avertie que le Yellowstone, c'était bien plus beau que n'importe quel parc national, d'autres, que les animaux courraient les routes, et que vous n'aviez qu'à claquer des doigts pour observer des ours, des élans, des wapitis, des antilopes, des bisons, des mouflons, des chèvres des montagnes Rocheuses, etc. À cette période de l'année, toutes les routes ne sont pas ouvertes en raison de la neige, et nous avons donc roulé à peu près 200 kilomètres vers le sud. Mammoth Hot Springs, notre premier arrêt, est un ensemble de terrasses formées par les eaux chaudes calcaires, dont certaines sources se tarissent et d'autres naissent, changeant constamment cet édifice. Nous avons gravi ces traversins, passant de vasques d'un blanc laiteux à des rouges ferrugineux, le silence régnant encore à huit heures du matin. Les wapitis, étrangement attirés par ces eaux chaudes étaient légion autour de Mammoth Hot Springs et broutaient tranquillement tandis que le premier car de japonais se vidait. En chemin, nous nous sommes arrêtés à plusieurs bassins de geysers, dont les couleurs sont difficilement concevables, l'odeur, sulfureuse, l'ambiance, vaporeuse, la musique, un murmure volcanique. Geysers, fumerolles, mares de boues vous rappellent que vous vous trouvez au-dessus d'une chambre magmatique sous haute pression.
Nous sommes descendus jusqu'au Old Faithful Geyser, un des plus grands jets d'eau chaude et de vapeur au monde. Chaque 90 minutes plus ou moins, de l'eau jaillit. Par chance, nous y sommes arrivés à la minute même, un timing parfait. Chaque jet d'eau est différent du précédent et difficile à prévoir. Je m'attendais à quelque chose de bien plus impressionnant, ce geyser étant l'une des attractions majeures du parc. Mais nous n'allions pas attendre une heure et demi de plus pour comparer la hauteur de deux geysers consécutifs. Nous avions encore 200 kilomètres à parcourir pour remonter vers Livingston! Et je n'avais été guère gâtée par la faune, sinon par les bisons, les wapitis et les écureuils. Bien que le paysage surmontait toutes mes espérances, j'étais un peu déçue de ne pas avoir aperçu d'ours.
Mais l'aventure ne s'arrêta pas en si bon chemin. En l'espace de 50 minutes, nous avons croisé le chemin d'un grizzli, d'un loup, d'un troupeau de bisons peu dérangés par la circulation et d'un ours noir. Tout ça en restant dans notre voiture. Enfin... pas tout à fait! Comme je l'ai découvert en lisant le prospectus alors que nous rentrions à Livingston, la principale directive face à des ours est la suivante: "Si vous apercevez un ours en roulant, trouvez la prochaine aire de parking, arrêtez vous prudemment, et observez depuis l'intérieur de votre véhicule. Ne vous arrêtez pas au milieu d'une route et ne bloquez pas la circulation". La plupart des touristes n'en ont cure. Mais comment résister à un attroupement de personnes au bord d'une route, et à un capharnaüm de voitures qui annoncent quelque chose d'excitant? Des rangers doivent patrouiller afin d'exiger des touristes une distance de 100 yards entre eux et un ours. L'ours noir que nous avons vu mangeait tranquillement derrière des pins à une dizaine de mètres de la chaussée. D'après les touristes présents, c'était un sacré morceau. Mais je suis plus prudente (pour ne pas dire angoissée) que la plupart des gens, j'ai donc gardé une distance respectueuse... et puis d'abord 100 yards, je n'avais aucune idée de ce que c'était! Par contre, pour le grizzli qui nous est passé devant le nez, nous étions pratiquement seuls sur la route, et je n'avais aucune envie de mettre un pied dehors de la voiture alors qu'il reniflait négligemment dans notre direction. Et seulement une minute avant, j'avais eu le temps d'apercevoir un loup courir dans une prairie! Quelle poussée d'adrénaline, j'étais au summum de mon aventure américaine!